Loomio
Wed 24 Jun 2015 12:49PM

28. Avez-vous des propositions et/ou des réflexions d’ordre général ou plus concrètes que vous n’avez pas encore exprimé?

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AL

André Leclercq Mon 13 Jul 2015 11:12AM

Remarque préalable

Si ce questionnaire aborde de manière assez large les différentes instances et les procédures de décision, il n'aborde qu'au niveau des locales des questions importantes comme la communication interne et la dynamique de groupe (dont l'animation des réunions). C'est pourquoi je ne peux que traiter cet aspect du fonctionnement ici, je le ferai dans le point D.

Pour certains des développements de la question, surtout pour ce qui est du mode de prise de décision et de la dynamique de groupe, voir aussi mes réponses à la question 34.

AL

André Leclercq Mon 13 Jul 2015 11:13AM

A. Une instance nouvelle capitale

La question 19 prévoit qu'on puisse répondre que l'AG ne soit pas l'organe légitime pour les grandes décisions et les grandes orientations, mais ne prévoit pas une question spécifique pour exprimer quelle instance les prendrait, si on estime que cette instance ne peut être une instance déjà définie (comme le comité de pilotage).

Je précise d'abord ici que je suis profondément attaché à des procédures autres que le vote classique (notamment par majorité simple, absolue, des 2/3 ou qualifiée, qui crée des oppositions entre personnes et des frustrations, donc pas adéquat pour une bonne dynamique de groupe (j'apprends par ailleurs dans le cadre de ce processus de consultation qu'il est prouvé mathématiquement que le nombre de personnes présentes dans un vote, joue un rôle d'amplificateur, que ce soit dans le bon ou dans le mauvais sens, un peu comme pour les médias!), question évoquée d'ailleurs pour ce qui est des locales mais pas au niveau plus général du mouvement dans ce questionnaire) me paraît dépassé par rapport à d'autres modes de décision plus conviviaux et faisant plus appel à l'intelligence collective, en particulier le consentement sociocratique dans le cadre d'un cercle de parole (*). Or, il n'est pas envisageable de fonctionner ainsi dans un grand groupe (au-delà de 15 ou de 25 personnes), tandis que le tirage au sort s'avère être le système qui permet le mieux d'assurer que ce soit une « image » de l'ensemble du mouvement. Dans cet esprit, je propose qu'une nouvelle instance que j'appellerais le conseil général décide des grandes orientation du mouvement.

Ce conseil général pourrait se composer de membres tirés au sort parmi les membres actifs du mouvement, çàd parmi les signataires, tous les membres de groupes, des locales, etc., plus ceux qui se sont manifestés autrement à travers certaines initiatives comme précisément ce questionnaire, autrement dit, tous ceux qui sont actifs dans le mouvement (cf. qu. 16 et 28). NB ; l'idée de délégués des locales et des groupes de travail ne me semble pas envisageable, car impraticable avec un nombre important de locales (ou alors on arrive à une désignation indirecte via des régionales à créer partout, ce qui aboutit pratiquement à des délégués qui ne peuvent plus en référer au niveau le plus bas, celui de la base).

Ce que j'exprime par ailleurs dans les réponses aux questions 19 à 21, concernant l'AG, s'appliquerait ici aussi.

Variante possible qui se rapproche du G1000 organisé notamment par la Fondation pour les Générations Futures : on conserve le principe de l'AG mais celle-ci se divise en sous-groupes – des tables - au sein desquels se prennent les décisions, mais la difficulté réside dans la réponse à la question « Comment ramener ce qui est décidé dans ces sous-groupes au niveau le plus haut tout en arrivant à faire en sorte que chacun "puiise vivre avec la/le(s) décision(s) prise(s) ? ».

A signaler que dans la démocratie grecque antique, l'agora (rassemblant tous les citoyens) s'occupait du « législatif » (mais apparemment de manière différente des AG que nous connaissons aujourd'hui) tandis que l' « exécutif » était l'affaire de citoyens tirés au sort (cf. « Principes du gouvernement représentatif » de Bernard Manin).

Voir aussi point D concernant la dynamique de groupe, dont l'animation des réunions.

(*) Le consentement sociocratique, à la différence du consensus qui implique l'adhésion de chacun aux décisions prise, implique que chacun puisse « vivre avec » (expression que j'ai souvent entendue au groupe. MFF) avec celles-ci. Une manière de mieux « vivre avec » une décision avec laquelle « on a du mal » me semble de prévoir une évaluation dans un terme à fixer des effets de la décision.

Cette approche exige un tour de cercle au moins dans le cadre du processus décisionnel et fonctionne par expression d'objections à une proposition de décision et avec la possibilité d'exprimer une proposition modifiée/modificatrice.

Cela dit, en dernier recours, il reste l'option de « se mettre d'accord sur les (la formulation des) désaccords ».

La sociocratie, comme l'holacratie, se pratique dans certaines entreprises pour décentraliser la prise de décision. A signaler aussi les pratiques des indignés, qui utilisent aussi le cercle de parole (il existe par ailleurs une méthode spécifique qui l'utilise pour faciliter le dialogue en se basant sur le vécu des participants, notamment comme procédure de médiation dans des zones de conflit).

AL

André Leclercq Mon 13 Jul 2015 11:14AM

B. Autres instances et structures à prévoir

B. Autres instances et structures à prévoir

  • Dans l'esprit du G1000/G32, des groupes temporaires de personnes tirées au sort qui exprimeraient l'avis du mouvement sur des points/propositions généraux spécifiques (dont certains objets de controverses) comme la stratégie de sortie du capitalisme, l'allocation universelle/revenu de base, l'instauration d'un revenu maximum, la stratégie à adopter face aux mesures d'austérité, la révision de la fiscalité, la remise en question du dogme de la croissance économique, etc. Des questions comme l'organisation d'événements comme l'a été la Grande Parade pourraient par ailleurs être prises en charge soit par le FOCoPL (coordination), soit par un groupe de ce type.
  • Le conseil de vigilance a un rôle de « veilleur », de « gardien de l'esprit » vis-à-vis des dérives possibles, il a notamment à être à l'écoute des locales et des GT qui sont en contact avec la « base » du mouvement (voir aussi ma réponse à la question 27).
  • Les conflits font partie de la vie et sont parfois nécessaires pour dénouer une situation insatisfaisante bloquée, mais ils peuvent aussi pourrir l'atmosphère d'un groupe quand ils prennent un caractère chronique, c'est pourquoi il faut prévoir une instance de prévention des conflits et/ou un pôle de conciliateurs-médiateurs et/ouun conseil de médiation composés de personnes peu impliquées dans le mouvement, Enfin, en dernière instance, un conseil d'arbitrage intervient soit pour trancher en cas de conflit persistant et « insurmontable » par d'autres moyens, soit pour statuer en cas de recours vis-à-vis d'une décision prise (en évitant de tomber dans le juridisme).
AL

André Leclercq Mon 13 Jul 2015 11:15AM

C. Questions relatives à la dynamique de groupe et à l'animation des réunions

Je regrette de manquer ici de données importantes qui n'apparaissent pas du tout dans ce qui est dit de la situation existante, à savoir comment sont déterminés aujourd'hui les rôles clefs, comme « président de séance » ou secrétaire/rapporteur pour les instances importantes, particulièrement le comité de pilotage. Je ne peux donc partir que de mon expérience au sein d'autres groupes pour ce qui va suivre.

Tout d'abord, je constate qu'en l'espace d'une génération, les outils permettant l'émergence de l'intelligence collective se sont multipliés (particulièrement au sein des initiatives de transition) : forum ouvert, théâtre forum, world cafe, chapeaux de Bono, méthodes et approches où interviennent la gestuelle et le positionnement dans l'espace pour exprimer une opinion, cercle de parole, élection sans candidats, etc.

A côté de cela, certains groupes ont imaginé d'autres rôles dans l'animation des réunions que président de séance (qui notamment distribue la parole) et rapporteur, comme « gardien du temps » ou ce que j'appelle « l'observateur sensible », c'est-à-dire une personne qui manifeste s'il y a lieu à un moment donné ce qu'elle perçoit de négatif ou de positif dans le fonctionnement du groupe (par ex. une forte tension), elle peut aussi inciter des personnes qui ne disent rien à prendre la parole.

D'autre part, de manière plus pragmatique et terre à terre, il m'apparaît que pour fonctionner dans un climat de confiance, il est impératif de :
- se fixer des délais stricts pour la rédaction des comptes-rendus des réunions "stratégiques" de TAC (groupe de pilotage, bureau et plénières des AG), de les respecter (en cas de manquement, c'est une autre personne que le rapporteur accepté par le groupe qui prendrait le relais) et de les diffuser au moins en interne (vers les responsables des locales et des groupes de travail) ;
- pour ce type de réunion, avoir un rapporteur/secrétaire tournant, qui ne serait jamais l’animateur de la réunion ;
- et enfin, amener ceux qui appliquent des décisions importantes à faire référence à ces décisions lorsqu'il s'agit de démarches prises en rapport (je pense en particulier à l'invitation faite à un groupe des rapporteurs pour avancer dans l'usage pratique de ce questionnaire).

Je ne peux donc que souhaiter que ces innovations soient largement expérimentées dans nos réunions pour faciliter une expression de nos opinions et souhaits et des prises de décision se faisant dans la clarté et dans l'harmonie (ce qui n'empêche pas que des conflits puissent surgir, ils sont parfois même nécessaires pour avancer, et là aussi, ces nouveaux outils sont à promouvoir).

Il me semble aussi important de tenir compte des limites de chacun dans l'organisation pratique des réunions : horaire de travail, vie de famille, besoin de sieste (comme cela me concerne, je propose pour les temps communs longs dans le mouvement, comme les AG, une alternance entre le matin et l'après-midi comme moment de réunion – des repas pris en commun favorisent par ailleurs les échanges informels tout aussi importants que les échanges formels !).

Enfin, j'ai pu faire l'expérience que le contact avec la nature nous prédispose à des réunions constructives, c'est pourquoi je ne peux que promouvoir des réunions précédées de balades en forêt – par ex. - et de fréquentes « mises au vert »…

AL

André Leclercq Mon 13 Jul 2015 11:15AM

Références

Bernard Manin : Principes du gouvernement représentatif
David Van Reybrouck : Contre les élections
Blog d'Etienne Chouard
Ivan Maltcheff : Les nouveaux collectifs citoyens
Starhawk : Femmes, magie et politique
La franc-maçonnerie pour les nuls
Rapport du G1000
www.fgf.be (notamment sur le G1000)
Site de Jacques Testard (convention de citoyens)
www.passerelleco.info (chercher les articles sur le consensus)
www.barricades.be (chercher les articles de Pablo Servigne)
Gilles Charest : La démocratie se meurt, vive la sociocratie !
Sites sur l'holacratie
Blog en construction des « Tailleurs d'avenir »