Loomio
Wed 24 Jun 2015 12:53PM

34. Comment faire de TAC un mouvement citoyen et d’organisations avec un regard neuf ? Quel vision avez-vous de TAC pour le futur ?

DU Deleted User Public Seen by 13

Si vous aviez une baguette magique, quels projets concrets et novateurs (sans faire ce qui peut déjà se faire ailleurs) pourraient être mis en place pour que TAC soit pleinement un mouvement citoyen et d’organisations avec un regard neuf ? Quel vision avez-vous de TAC pour le futur ?
a) Par rapport à ces projets imaginés et souhaités, quels seraient les freins possibles? Qu’est-ce qui empêcherait la réalisation de ces projets ?
b) Quels sont vos besoins prioritaires qui, s’ils ne sont pas comblés, mettraient votre locale/votre groupe dans une situation difficile ? Quels sont les autres menaces possibles pour votre locale/groupe, pour TAC?
b) Quelles sont les ressources internes dont vous disposez qui vous permettrait de réaliser cette vision idéale et ces projets ? Quelles sont les ressources dont dispose

EB

Eric Buyssens Fri 24 Jul 2015 1:26PM

si déjà le mouvement passe l'hiver, ce serait déjà super ! blague à part, on pourrait imaginer que TAC réussisse à animer l'espace citoyen jusqu'à la fin de la législature et réussisse à former avec les mouvements porteurs un contre pouvoir politique susceptible :
1 d'infléchir avec les mouvements porteurs les politiques d'austérité actuelles ...
2 d'amener toutes les forces politiques de gauche à composer avec TAC et à prendre des engagements sur l'avenir en convergence avec les balises de TAC
3 de promouvoir les alternatives possibles à la rigueur et au néo-libéralisme.

AL

André Leclercq Sun 26 Jul 2015 10:48AM

Pour ma part, je n'ai pas du tout envie de composer (cela va dans les 2 sens!) avec "toutes les forces politiques de gauche" :
- parce qu'avec certaines d'entre elles je ne sens aucune affinité (le cas le plus marqué est celui du PS qui en est quasi venu à ne promouvoir un socialisme version 1.0 qu'au niveau du discours, à part pour certains de ses élus comme Marc Tarabella ou à la suite d'une pression citoyenne forte comme concernant le TTIP);
- parce que je peux me retrouver dans certains des propos de personnes cataloguées à droite, comme Nicolas Dupont-Agnan en France;
- et enfin parce que se dire de gauche comporte souvent l'un ou l'autre des éléments suivants : une manière de camoufler des positions ou la caution de décisions allant à l'encontre des "valeurs de gauche", un dogmatisme, un sectarisme ou des attitudes qui étouffent la créativité dans le mode de pensée et les initiatives dont nous avons besoin aujourd'hui (cela a longtemps été le cas du PTB), et même un moyen de division, d'exclure ceux qui nous dérangent. Evoquer la gauche et la droite c'est d'ailleurs un peu comme parler du bien et du mal, avec tout l'héritage judéo-chrétien que cela porte au niveau de la forme.

Par contre, ce qui me dit, c'est de promouvoir les alternatives mais en allant plus loin çàd les alternatives au capitalisme, qui est devenu un système totalitaire dans sa phase actuelle de mondialisation et de globalisation (nous atteignant tous dans tous les aspects de nos vies, même les plus intimes), dans la vision d'un socialisme 3.0 intégrant dans ses fondements ce qui a été découvert aujourd'hui par nombre d'anthropologues, d'éthologues, d'ethnologues, d'écologues, etc. (comme le fait que la coopération est le mode d'organisation prépondérant du vivant). J'aimerais pouvoir en dire plus ici mais ce serait trop long, c'est d'ailleurs à ce genre de choses dont devrait à mon sens notamment se consacrer des GT comme le groupe réflexion à TAC...

EB

Eric Buyssens Sun 26 Jul 2015 3:05PM

Pourquoi tu me dis tout cela ? C'est tes choix

Je ne comprends pas ta démarche envers moi ?

Eric BUYSSENS
FGTB BRUXELLES
Envoyé de mon smart phone

Le 26 juil. 2015 à 12:48, André Leclercq (Loomio) a écrit :

Pour ma part, je n'ai pas du tout envie de composer (cela va dans les 2 sens!) avec “toutes les forces politiques de gauche” :

  • parce qu'avec certaines d'entre elles je ne sens aucune affinité (le cas le plus marqué est celui du PS qui en est quasi venu à ne promouvoir un socialisme version 1.0 qu'au niveau du discours, à part pour certains de ses élus comme Marc Tarabella ou à la
    suite d'une pression citoyenne forte comme concernant le TTIP);

  • parce que je peux me retrouver dans certains des propos de personnes cataloguées à droite, comme Nicolas Dupont-Agnan en France;

  • et enfin parce que se dire de gauche comporte souvent l'un ou l'autre des éléments suivants : une manière de camoufler des positions ou la caution de décisions allant à l'encontre des “valeurs de gauche”, un dogmatisme, un sectarisme ou des attitudes qui
    étouffent la créativité dans le mode de pensée et les initiatives dont nous avons besoin aujourd'hui (cela a longtemps été le cas du PTB), et même un moyen de division, d'exclure ceux qui nous dérangent. Evoquer la gauche et la droite c'est d'ailleurs un peu
    comme parler du bien et du mal, avec tout l'héritage judéo-chrétien que cela porte au niveau de la forme.

Par contre, ce qui me dit, c'est de promouvoir les alternatives mais en allant plus loin çàd les alternatives au capitalisme, qui est devenu un système totalitaire dans sa phase actuelle de mondialisation et de globalisation (nous atteignant tous dans tous
les aspects de nos vies, même les plus intimes), dans la vision d'un socialisme 3.0 intégrant dans ses fondements ce qui a été découvert aujourd'hui par nombre d'anthropologues, d'éthologues, d'ethnologues, d'écologues, etc. (comme le fait que la coopération
est le mode d'organisation prépondérant du vivant). J'aimerais pouvoir en dire plus ici mais ce serait trop long, c'est d'ailleurs à ce genre de choses dont devrait à mon sens notamment se consacrer des GT comme le groupe réflexion à TAC…

Répondez à ce courrier directement ou visualisez-le sur www.loomio.org ( https://www.loomio.org/d/vw8fipGg/34-comment-faire-de-tac-un-mouvement-citoyen-et-d-organisations-avec-un-regard-neuf-quel-vision-avez-vous-de-tac-pour-le-futur?utm_campaign=thread_mailer&utm_medium=email&utm_source=new_comment#comment-740004 ).

Désactiver les courriers électroniques ( https://www.loomio.org/email_actions/unfollow_discussion/99626/XkzY6oeWEyRFjt7JAn4s ) pour cette discussion.

Changez vos paramètres de notification ( https://www.loomio.org/email_preferences?unsubscribe_token=XkzY6oeWEyRFjt7JAn4s&utm_campaign=thread_mailer&utm_medium=email&utm_source=new_comment ) pour vous désabonner de ces courriers électroniques.

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AL

André Leclercq Mon 17 Aug 2015 11:12AM

Il est clair pour moi que ce qu'il manque le plus dans nos sociétés, c'est un mouvement qui, au-delà d'une lutte contre les effets du néo-libéralisme, « fer de lance » du capitalisme dans sa phase actuelle – peut-être ultime, ne fut-ce que parce qu'il risque de causer sa propre destruction -, imagine comment se construirait une société enfin solidaire et respectueuse des équilibres écologiques et se donne les moyens de la faire émerger, notamment en fédérant, en mettant en lien les acteurs sociétaux qui commencent déjà à la construire sur le terrain.

Cela partant du constat que cette ébauche du nouvelle société reste marginale. Par exemple, pour prendre un exemple que je connais bien, les initiatives de transition impulsent ou relayent nombre d'initiatives pour ne plus entrer dans le jeu de la consommation (irresponsable) de manière créative et ludique, mais, faute d'appui politique, elles n'arrivent à toucher que des personnes déjà conscientisées (Rob Hopkins qui a mis en route le mouvement avance que si l'on attend que le changement part du niveau politique, cela prendre trop de temps, mais la réalité des faits montre non seulement que cela prend autant de temps au niveau des initiatives sur le terrain, mais aussi que cela stagne, voire même que certaines initiatives de transition connaissent une désaffectation périodique, liée notamment aux qualités de leurs animateurs).

Un autre exemple concret est celui des repair cafés, tellement en vogue pour le moment en Belgique qu'on finira bientôt par en compter un par commune ! On ne peut que se féliciter de l'enthousiasme des volontaires qui les font vivre, mais on constate aussi que réparer un objet, un appareil n'est pas toujours évident : absence de schéma de fonctionnement, manque de pièces détachées (chose à laquelle les imprimantes 3D peuvent en partie suppléer), ou encore vis spéciales « faites maison » ou appareil « programmé pour tomber en panne » (obsolescence programmée) !Et cela n'empêche pas que quantité d'appareils, en bon état on non, finissent au rebut, alors qu'ils pourraient encore longtemps servir.

Dans un tel cadre, il nous manque des dispositions légales favorisant l'usage plutôt que l'achat d'objets (obligation de « réparativité », extension de la durée de garantie, obligation lors de la récolte d'encombrants de faire primer la récupération et la réparation sur le recyclage, etc.) qu'un mouvement comme TAC peut faire contribuer à adopter, en concertation avec d'autres associations et mouvements.

En matière de logement, vu le nombre de personnes qui ont du mal à louer un logement à un prix raisonnable, je pense que seuls des changements importants en matière de « droit à la propriété », au-delà d'un important parc de logements à louer gérés par les autorités publiques, peuvent arriver à faire changer profondément les choses, comme le fait que la terre devienne propriété publique, propriété commune (chose qui concerne d'ailleurs aussi les agriculteurs), ce qui implique l'instauration de nouveaux statuts de propriété (comme cela a été fait en Bolivie et au Venezuela, voire au Brésil).

Il serait également opportun d'instaurer de nouveaux statuts de société économique (il n'existe par ex. pas d'équivalent strict des SCOP – société coopérative ouvrière de production) – française en Belgique).

Au niveau social, TAC pourrait aussi contribuer à faire émerger d'autres modes de protestation que ces grèves d'un jour ou limitées à un secteur qui n'ébranlent en rien le gouvernement actuel, à ce qu'on retrouve « l'esprit de 1936 » tout en se limitant pas à la défense d'intérêts salariaux (au sens large), en ayant à l'esprit une autre société.

Cette vision d'une société différente doit aussi se montrer capable de « voir autrement les choses » en matière de sécurité sociale. En matière de soins de santé, nous bénéficions d'un système de solidarité fort (bien que de plus en plus de personnes soient exclues du système et aient du mal à payer leurs factures de soins!), mais ce système bénéficie principalement aux firmes pharmaceutiques et aux sociétés qui construisent des appareils à technologie coûteuse, alors que les maladies rares sont mal prises en charge, que la pression au travail rend les gens de plus en plus malades et que les médecines complémentaires et les psychothérapies (sauf celles assurées par les psychiatres) ne sont toujours pas prises en charge par la sécurité sociale.

Tout cela nécessite de repenser en profondeur nos systèmes politique et économique.

Prolongeant ce que j'ai ébauché en réponse à la question 28 en matière de prise de décision, il faut revoir fondamentalement notre système politique actuel concernant ce qui amène aux prises de décision, alors que ce que sont devenues nos institutions politiques actuelles, particulièrement au niveau européen, ne méritent même plus le qualificatif de démocratique (pensons à ce qui se passe avec le TTIP/TAFTA, avec la dette grecque, et quand les citoyens osent exprimer de manière directe un vote qui met en cause le système, on les envoie promener !).

En pratique, il a été prouvé que le système électif/représentatif avec vote tous les 4, 5 ou 6 ans ne permet pas d'assurer une représentation sociale des élus qui corresponde à celle dans la société, car les citoyens ont tendance spontanément à choisir des notables, et est à la base de la création d'une classe, voir d'une caste politique (parfois même héréditaire!). Par ailleurs, le système des campagnes électorales favorise ceux qui ont des moyens financiers, et le système du financement des partis ainsi que les règles (ou non-règles) d'accès aux médias (exception notable : au moins les campagnes présidentielles sur France Inter) favorisent les « partis établis » au détriment des listes nouvelles.

Par contre, le système du tirage au sort, pratiqué dans l'antiquité grecque,évite ces travers. Son expérimentation dans les temps modernes a d'ailleurs toujours donné des résultats globalement heureux : outre le jury d'assises, on peut citer une conférence de citoyens autour de la question des OGM en France (Paris?) et un panel de citoyens décidant de l'aménagement du territoire à Ottignies-Louvain-La-Neuve (voir www.fgf.be) à la fin du siècle dernier et, tout récemment, le G1000/G32.

Ce système de prise de décision par tirage au sort pourrait, pour certaines décisions/questions importantes, être complété par la pratique du référendum d'initiative populaire (cf. Suisse et Venezuela notamment).

Plus largement, intégrant la question de la définition d'un système économique « idéal », je verrais bien un système s'inspirant de ce qui se passe dans la nature (où la coopération constitue le mode d'organisation dominant, contredisant ce que j'ai appris à l'école à ce sujet, où il n'était question que de « loi de la jungle »), de la même manière que le biomimétisme s'inspire de « dispositifs naturels » pour des aspects aussi vastes que le reprofilage de l'avant d'un train TGV ou l'élaboration de nouveaux types de cellules photovoltaïques), mais à un niveau plus fondamental du vivant. Pensons notamment à tout ce qui se diffuse concernant l'économie circulaire, de l'usage, de fonctionnalité, de partage, de sobriété, ainsi que la création de monnaies alternatives, locales...

Cela dit, je suis d'avis que ce qui se passe d'innovateur allant dans ce sens restera marginal tant que nous ne serons pas sortis du capitalisme, ce qui implique (notamment) la fin du système du prêt à intérêt, du système spéculatif des bourses de valeur (actionnariat non limité) et du pouvoir donné aux banques de création monétaire (et la restauration de véritables banques publiques là où elles ont disparu … comme chez nous où j'ai la nostalgie de la CGER et du Crédit communal!).

Par ailleurs, il est clair que dans certains domaines, un mouvement limité à la Belgique francophone (ou même la Belgique dans son ensemble avec Hart boven hard) peut difficilement arriver seul à changer les choses, c'est pourquoi il est important que notre mouvement, quand il sera arrivé en « vitesse de croisière », développe des liens et des coordinations avec des initiatives similaires en Europe. Sans compter que dans notre pays aux institutions politiques compliquées, il pourrait aussi appuyer toute initiative allant dans le sens de leur simplification (comme la suppression de la Communauté française bien mal nommée !) et du regroupement des compétences (pour l'énergie et l'environnement par ex., y compris au niveau du contrôle, voire du système de taxation).

Cela dit, les freins sont de trois ordres :

1) Au niveau collectif général : la résistance du capitalisme, sa capacité « homéostasique » à rester en place en nous impliquant tous dans la perpétuation de son emprise sur chacun d'entre nous, principalement au travers des mécanismes de production et de consommation (une « emprise sorcière » pour reprendre l'approche d'Isabelle Stengers, un sortilège général pour reprendre celle de Tim Jackson).

2) Au niveau personnel : toutes les habitudes et frustrations qui nous entraînent (à nous échapper) dans la consommation, voire le travail, dans un cycle infernal qui s'auto-reproduit.

3) Au niveau de TAC enfin, il pourrait y avoir la difficulté à décider de et à mettre en place des structures de prise de décision qui pourraient devenir modèles pour le reste de la société.

En conclusion, dans ce monde où ne fut-ce que les impératifs climatiques nous obligent à mettre fin à une croissance destructrice des équilibres écologiques, il est devenu plus que jamais impératif, tout en se posant des questions fondamentales, d'imaginer et de contribuer à ce que soit mis en oeuvre … tout autre chose !