Loomio
Tue 22 Oct 2019 10:10PM

Mercredi 30 octobre 2019 20H00 : Film Sorry we missed you

SG Samuel Gourdange Public Seen by 20

Au Cinéma Le Parc
Rue Paul-Joseph Carpay 22, 4020 Liège
Ciné-débat : « Sorry we missed you »

Bruno Bauraind (le 28/10 à Namur) et Cédric Leterme (le 30/10 à Liège) participeront au débat qui aura lieu après la projection du film sur le phénomène de l’ubérisation « Sorry we missed you » de Ken Loach, aux cinémas Grignoux.

Ils interviendront sur la précarité dans le secteur des coursiers et présenteront le Gresea Échos 98 « Coursiers de tous les pays, unissez-vous ! En lutte contre le capitalisme de plateforme » qui traite des questions suivantes : Qui sont les employeurs qui se cachent derrière des algorithmes qu’eux seuls maitrisent ? Comment l’UE?, les gouvernements et les juges encouragent et participent à ce que l’on nomme « ubérisation » de la société ? Mais aussi, quelle transformation de l’emploi et du travail est à l’œuvre ici ? Car, si dans le jargon des plateformes on ne parle plus de « temps de travail » ni de « salaire », mais bien de « shift » et de « tarification », n’est-ce pas pour éluder le droit du travail ? N’est-ce pas pour accentuer les tendances en cours de précarisation et de déconstruction de l’État social, déjà bien entamée depuis 40 ans ? Et au-delà, le quotidien connecté des « prestataires de start-ups » que sont les coursiers ne consiste-t-il pas autant à conduire des vélos qu’à produire des flux? d’informations sur leur smartphone au grand bénéfice des plateformes ? N’est-ce pas là finalement la réelle nouveauté de cette « nouvelle économie », le supplément d’exploitation qui fait la différence : l’extraction de données personnelles et le contrôle commercial de la vie privée et professionnelle ?

Synopsis

À 82 ans, Ken Loach poursuit sa radiographie de la classe ouvrière britannique. Il s’attaque aujourd’hui au phénomène de l’ubérisation, nouvelle forme de service liée aux nouvelles technologies. Mais aussi nouvelles formes d’exploitation… En compétition au Festival de Cannes 2019

La famille Turner vit à Newcastle, d’où était également originaire Daniel Blake, héros du précédent film de Loach (la Palme d’or de 2016, Moi, Daniel Blake), et comme lui, elle appartient à cette frange de la population directement touchée par la crise économique de 2008 et les réformes d’austérité qui en ont découlé. Avant 2008, Ricky et Abby – les parents – s’en sortaient bien, ils étaient sur le point d’obtenir un crédit immobilier et s’apprêtaient à devenir propriétaires, mais la crise financière en a décidé autrement. Aujourd’hui, c’est à peine s’ils parviennent à joindre les deux bouts. Ils travaillent énormément, voient très peu leurs enfants et, malgré tout, comptent leur argent à la fin du mois. Abby est aide-soignante à domicile et travaille sous contrat zéro heure, c’est-à-dire un contrat ne précisant pas le nombre d’heures à prester, l’obligeant à être disponible à n’importe quel moment, et ne rémunérant que ses heures de travail, trajet non compris. La famille Turner retrouve un peu d’espoir quand Ricky entreprend de devenir chauffeur-livreur pour une grosse société d’achats et livraisons à domicile, type Amazon. Son job consiste à enlever des colis dans un entrepôt et les acheminer à leur destinataire. Plus il livre, plus il gagne d’argent. Mais cette logique du rendement immédiat va bientôt se retourner contre lui… La camionnette qu’il utilise lui appartient et les frais qu’elle engendre sont à sa charge, ses trajets sont géolocalisés, chacune de ses interactions évaluée, et si personne n’est là pour réceptionner son paquet, sa course n’est pas rentabilisée…

Voici en quelques mots un système avec lequel nous sommes tous plus ou moins familiers, mais en ignorant souvent l’implication qu’il coûte aux différents maillons de la chaîne. Ricky et sa famille sont situés tout au bout de cette chaîne, pris dans l’étau d’une situation économique ne leur offrant aucune alternative, forcés d’accepter une précarité toujours plus grande pour éviter de tomber dans le gouffre d’une marginalité dont on ne revient pas. La force du film est d’avoir cristallisé cette problématique au cœur d’une cellule familiale. Les problèmes d’argent, l’épuisement lié au travail ont un impact sur l’équilibre, la sérénité du foyer, l’apprentissage et le bien-être des enfants. On n’oubliera pas de sitôt le visage de la petite Lisa Jane, regardant, impuissante, son père se tuer à la tâche, sa famille sombrer doucement dans une misère sociale et affective, n’ayant plus le temps de prendre soin les uns des autres. Encore une fois, Ken Loach, cinéaste engagé, partisan d’une société juste, d’un socialisme pur, regarde ses contemporains avec humanité et nous questionne sur notre société et ses dérives auxquelles, parfois malgré nous, nous participons.

ALICIA DEL PUPPO, LES GRIGNOUX

Bande annonce Vo sous titrée Français
https://youtu.be/cy_pWhJI8l8

En avant première le 28 octobre 2019 à Namur
https://www.grignoux.be//fr/evenement/658/sorry-we-missed-you

Samuel Gourdange

SG

Samuel Gourdange Tue 29 Oct 2019 2:47PM

Documentaire cash investigation : au secours mon patron est un algorithme
https://youtu.be/pFoU-cBCPMk