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Discussions sur les expérimentations autour du modèle de coopérative de jeunes à Boulogne sur Mer

SS Simon Sarazin Public Seen by 248

La coopérative a Boulogne sur Mer a expérimenté sur plusieurs sujets par rapport au "modèle CJS" proposé en 2014 lors de la formation . Voici ces différents points sur lesquels nous avons à réfléchir et échanger afin de voir leurs avantages et inconvénients. Et voir si ils peuvent inspirer ou pas le modèle CJS dans les années qui suivent :

  • Il n'y a pas eu de session de formation au départ. Le choix a été faire de faire un apprentissage au fil des enjeux rencontrés, et que la formation aux nouveaux jeunes puisse se faire par d'autres jeunes plus anciens dans la coopérative (avec l'accompagnement d'un adulte quand nécessaire)
  • Nous avons essayé d’insuffler la culture des communs, en s'inspirant des ressources partagées sur le web à ce sujet qui permettent de facilement déployer des initiatives. Par exemple, mettre en place un jardin partagé, fabriquer des meubles, mettre en place une cuisine partagée, un repair café, une épicerie participative, une disco soupe. L'enjeu était d'abord d'apprendre à faire ensemble à travers ces initiatives partagées, mais aussi que des missions économiques arrivent grâce aux communs que les jeunes ont développé. Par exemple, en mettant en place une disco soupe, ils ont eu de la visibilité qui les amène à avoir une missions de préparation d'une soupe pour un événement. En créant des petits bancs en palettes pour l'espace public, on leur a proposé une missions de construction d'une bibliothèque pour une association.
  • Nous avons expérimenté la mise en place de missions commerciales qui débouchaient sur la production de "communs' quand cela était possible. Par exemple, quand la mairie leur a demandé d'aménager le jardin du quartier, on les a aidé à animer un temps de rencontre avec les habitants pour que ce soit les habitants et les jeunes qui aménagent le jardin dans une logique de jardin partagé investi sur le long terme.
  • La CJS s'est installée dans un tiers-lieux (ou lieu ouvert et partagé) qui venait de naître à Boulogne dans lequel les jeunes savaient qu'ils pourraient s'investir sur le long terme (il était prévu d'y installer un point information jeunesse). Cela a permis de favoriser le démarrage de ce lieu qui venait d'ouvrir un mois avant, de permettre une appropriation forte de l'espace par les jeunes (par exemple en construisant le mobilier), tout en étant un espace où des adultes sont présents (coworkers de l'espace, animateurs jeunesse, médiateur numérique, voisins de passage pour le café, éducateurs spécialisés, agents de la ville, etc...). L'enjeu était de faciliter les croisements et les rencontres ainsi que l'accompagnement de jeunes très en difficulté qui ont ainsi pu intégrer pas à pas la CJS, mais que nous même n'aurions pas pu gérer seuls.
  • Le nombre de jeunes n'était pas figé au départ, la porte est restée ouverte à de nouveaux jeunes durant les deux mois. Sachant que certains arrêtaient en cours de route, il y avait en moyenne toujours une douzaine de jeunes
  • Nous n'avons pas limité l'âge à 16-18 ans (c'était le cas au début) mais avons laissé la porte ouverte à des jeunes jusque 21 ans.
  • Nous avons toujours laissé la possibilité de laisser ouverte la CJS après les deux mois. La coopérative continue aujourd'hui à développer des projets communs et des prestations, mais elle ne s'appelle plus CJS, qui est un format sur les deux mois. Un statut juridique est toujours recherché pour pouvoir continuer ces prestations
  • Nous avons essayé de mettre en place un modèle de gouvernance le plus horizontal possible proche des modes de gouvernance stigmergique et holacratique. Ainsi, il n'y a pas eu d'élection d'un président et la gestion des actions se faisait via un kanban (une sorte de trello en présentiel) qui rendait visibles les tâches à tous. Il n'y avait pas de "comités" mais des rôles à prendre en charge avec toujours un référent par rôle (rôle communication / ménages / ...). Les rôles étaient interchangeables au cours de la CJS.
  • Nous avons mis en place un revenu contributif qui permet de répartir à posteriori l'argent (chacun vient définir par semaine sa rémunération après les actions). Cela s'est décidé collectivement : la répartition égalitaire causait des injustices, et celle au calcul par heure était très difficile à mettre en place, puisque certains jeunes restaient sur place juste pour montrer qu'ils faisaient des heures sans être particulièrement actif. Le modèle de répartition à posteriori a eu d'autres incidences qu'il faut ajuster (si la répartition se fait trop tardivement, les jeunes n'arrivent pas bien à l'évaluer / certains missions commerciales n'entrent pas bien dans le modèle / les prestations sont arrivées sur la fin, ce qui rendait très intéressant de participer à la CJS les dernières semaines).