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04 - La responsabilité numérique

A aunige Public Seen by 360

Initiateur : Jean-Henry Morin
Participants :
Aurélie Schröder
Yvan Sanchez
Denise Sutter Widmer
Gaelle Molinan
Hugo Houbart
Rosanna Radu
Suanna Taboada Barreiro

Recommandation du groupe de travail : création d'une faculté des sciences numériques

Argumentations
La transition numérique de notre société est devenue une nécessité impérieuse dépassant largement le cadre strict de l’ingénierie informatique. Elle touche touts les domaines et s’appuie nécessairement sur la complémentarité de nombreuses disciplines. Il est essentiel d’appréhender cette transition sous la forme d’un processus avec lequel nous devons apprendre à vivre quotidiennement et non pas sous la forme d’un projet ponctuel qui souvent sous-tend la notion faussée de révolution numérique.

La Suisse dans ce domaine a pris un certain retard sur cette question vis-à-vis d’autres états qui ont entrepris d’encadrer cette transition avec des initiatives d’Agendas Numériques ambitieux depuis plusieurs années. L’Europe, la France, l’Estonie, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, la Corée du Sud, le Canada, etc. sont autant d’états ou d’unions ayant adoptés des cadres favorisant cette transition.

La Suisse, forte d’un secteur académique de pointe et d’une économie solide a une carte à jouer en la matière tant sur le plan national qu’international. Sur le plan national, l’apport d’une structure national de recherche et d'éducation sur la «Mutation numérique de l’économie et de la société» doit permettre d’éclairer les politiques publiques en la matière aussi bien que de fournir des éléments concrets et actionnables aux acteurs de la société. Sur le plan international, la position de la Suisse tant du point de vue de sa neutralité que de sa réputation en fait un acteur crédible dans de nombreux domaines. Les enjeux et les défis du numérique dépassant largement les frontières des Etats-Nations, la Suisse pourrait contribuer à des avancées importantes en matière de gouvernance du numérique. La presse et certains acteurs industriels se sont récemment faits l’écho d’idées autour de sujets touchant à la cybersécurité, l’intelligence artificielle, l’arbitrage, l’humanitaire, etc.

Globalement, notre société numérique est aujourd’hui dominée par des acteurs industriels ayant des positions dominantes découlant de leurs poids. Souvent connus sous l’acronyme de GAMFA, ces acteurs peuvent être assimilés à la notion de « too fat to change », par analogie aux « too big to fail » rencontrés dans les domaine de la banque et de la finance ces dernières années. En effet, ces géants du numérique se retrouvent en position de domination n’ayant aucun intérêt à changer quoi que ce soit à leurs modèles économiques reposant sur une captation de valeur au détriment des utilisateurs, et par conséquent de la société. C’est précisément là que doivent intervenir les cadres de politiques publiques fixant par un ensemble de moyens, mesures, lois et autres instruments, les conditions propices à un développement responsable et durable du numérique dans notre société. L’Europe a récemment adopté un nouveau Règlement général sur la protection des données (RGPD) très ambitieux et dont l’impact sera immense sur toute entité, y compris non-européenne, traitant des données personnelles de sujets européens. Le délai de mise en conformité est fixé au 25 mai 2018 et représente une avancée importante en la matière dans une dimension numériquement responsable et durable. Ceci n’est bien entendu qu’un exemple parmi beaucoup de situations pour lesquelles il est aujourd’hui essentiel de travailler à l’accompagnement et à l’encadrement de la transition numérique.

Cette proposition autour de la responsabilité numérique s’inscrit dans cette logique, et vise à proposer à l'Université de Genève de prendre un ascendent fort articulé autour du thème de la Responsabilité Numérique sous lequel s’inscrivent un ensemble d'axes de recherches et d'enseignements dans une approche interdisciplinaire. Ainsi, la Responsabilité Numérique se trouve au cœur de trois catégories d’acteurs que sont les individus / utilisateurs de systèmes et de services numériques, les organisations concevant ces systèmes et services, et l’Etat avec des cadres de politiques publiques garants d’une société numérique responsable et durable. Pris deux à deux, ces acteurs permettent d’identifier des points de contacts vecteurs de défis et / ou d’opportunités. Les individus et l’industrie sont aujourd’hui dans un rapport disproportionné de « confort » où les organisations jouissent d’un pouvoir dominant forçant les individus à accepter, souvent par abus, des conditions d’utilisation pas claires et non respectueuses des exigences minimales de ceux-ci en matière de sécurité, de protection des données et de transparence. L’industrie et l’état sont essentiellement dans un rapport économique favorable à des abus où par absence de cadres les organisations finissent par établir leurs propres règles et conditions d’utilisation centrées sur leurs modèles économiques et leurs objectifs commerciaux. Enfin l’état et les individus sont dans une situation de « fracture » ou de fossé lié à l’absence de cadres minimaux visant à garantir une société numérique responsable et durable. Il s’agit dans le cadre de cette proposition de travailler au cœur de ces trois dimensions en en remplissant les trois missions de l'université afin à construire une société numérique responsable et durable.
Le dispositif proposé se structure autour de la création d'une faculté des sciences numériques. Ainsi, un projet ambitieux pour l'université de Genève ancré dans une perspective de Responsabilité Numérique viserait à articuler de recherches interdisciplinaires permettant de faire émerger des résultats concrets pour éclairer les politiques publiques (service à la cité), de faire progresser la connaissance sur des questions novatrices ancrés dans des disciplines humaines, techniques et sociales (recherche) et de nourrir l’enseignement devant aussi prendre en compte la transition numérique. L’ensemble doit et permettre de faire émerger et de développer d’une société numérique responsable et durable.